“Je suis optimiste. Je ne vais pas finir ici et, pour commencer, je n’aurais jamais dû être là”, affirme Hank Skinner lors d’une rencontre avec l’AFP dans le couloir de la mort de sa prison au Texas.
Incarcéré à Livingston, une petite ville à 100 kilomètres de Houston, l’homme à la barbe poivre-et-sel fournie et aux grands yeux marrons expressifs a toujours clamé son innocence. Il crie à l’erreur judiciaire depuis qu’il y a 27 ans, le 18 mars 1995, il a été condamné à la peine capitale pour le meurtre de sa petite amie et des deux enfants adultes de celle-ci, à Pampa, dans le nord du Texas.
Ce père de trois enfants, tout juste sexagénaire, attend depuis plus de trois ans une décision de la cour d’appel du Texas, la plus haute juridiction pénale de l’Etat, qui doit évaluer si le jury qui l’a condamné à mort aurait pris une autre décision s’il avait bénéficié de tests ADN aujourd’hui disponibles.
Il n’a jamais nié avoir été dans la maison où les trois sont morts mais assure qu’il était inconscient après avoir absorbé de l’alcool et de la codéine, à laquelle il est allergie. Retrouvé à proximité avec des éclaboussures de sang sur ses vêtements, le condamné affirme que les tests ADN prouvent son innocence.
À cinq reprises, il s’est vu fixer une date d’exécution par la justice. Le 24 mars 2010, la Cour suprême des États-Unis l’a épargné 23 minutes avant l’injection létale programmée, juste après ce qui devait être son dernier repas.
Un de ses avocats lui annonce alors la bonne nouvelle.
“J’ai fait tomber le téléphone et j’ai glissé le long du mur. Je n’ai pas réalisé, mais des larmes coulaient de mes deux yeux. J’ai eu l’impression que quelqu’un m’enlevait un poids de mille kilos de la poitrine. Je me sentais si léger. J’ai cru que j’allais flotter…“, explique Hank Skinner derrière une vitre, dans l’uniforme blanc du centre de détention Allan B. Polunsky.
Le choc euphorique passé, paradoxalement, il subit un contrecoup terrible à l’idée de regagner le couloir de la mort “et toute la souffrance d’ici“.
Pour lui, voir des codétenus mourir est plus dur que l’enfermement dans une petite cellule 22 à 23 heures par jour, sans télévision et sans contact physique avec des personnes autres que les gardiens quand ils le menottent ou le démenottent.
Il vit dans un vacarme 24h sur 24: “Il y a les personnes dérangées qui frappent les murs“, témoigne-t-il.
“Ils donnent des coups de pied aux portes, crient, hurlent à pleins poumons. D’autres croient qu’on leur parle et répondent en hurlant. Et il y a ceux qui communiquent vraiment… Mais on apprend à faire abstraction“.
Il dort quand il s’écroule de fatigue et profite des périodes plus calmes de la nuit pour lire, bien souvent, les dossiers d’autres condamnés.
Ayant travaillé pour un avocat pénaliste avant sa condamnation, il leur fait profiter de son expertise.
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