Les blessures infligées à Twila Busby comprenaient une tentative de strangulation qui l’a rendue inconsciente ainsi qu’un coup puissant à la tête qui a causé le traumatisme mortel.
Comme le Dr Elisabeth Peacock (médecin légiste), l’a certifié lors du procès, ces deux blessures ont requis une force importante de la part de l’agresseur. Pourtant, Hank Skinner avait une blessure à la main droite qui l’handicapait au point de ne pas lui permettre de commettre une telle attaque et ce à une date approchant celle des meurtres.
Nous allons bientôt présenter le témoignage du Dr Peacock concernant la force de l’attaque, mais avant, afin de replacer son intervention dans le contexte adéquat, il est important d’entendre le témoignage de Joe Tarpley, un ergothérapeute, spécialisé dans la rééducation de la main, (incidemment, il est intéressant de noter que le jury au procès a entendu le témoignage du Dr Peacock avant celui de M. Tarpley…)
La défense : « Etes-vous parvenu à une conclusion ou à une constatation concernant la restriction de ses mouvements, mouvement de sa main droite ou gauche ? »
Joe Tarpley : « La restriction que j’ai constatée dans sa main droite est liée principalement à son pouce. Et on trouve deux types de restrictions, une concernant l’amplitude du mouvement et la seconde concernant la force de celui-ci. »
Lorsqu’on lui demanda son opinion sur la capacité de Hank à pouvoir effectuer « un geste de strangulation pour lequel il aurait dû pouvoir avancer ses doigts et pouces vers le bas. »
Joe Tarpley : « (La norme de force pour une main d’adulte est) … normalement autour de 45,36 kilos… et on peut s’attendre à un accroissement de 15% pour la main directrice… »
La défense : « L’accusé est droitier ? »
Joe Tarpley : « Correct. »
La défense : « Et vous pouvez vous attendre à une force de 45 kilos… avec la main gauche, et donc vous attendre à une force de 71 kilos pour sa main droite, n’est-ce pas correct ? »
Joe Tarpley : « A peu près. »
La défense : « Pourriez-vous expliquer au jury combien vous avez trouvé de force dans sa main gauche ? »
Joe Tarpley : « Sa main gauche… avait une force de 44 kilos, ce qui correspond à la norme. »
La défense : « Quasiment 45,36 kilos ? »
Joe Tarpley : « Vrai. Dans sa main droite, il avait juste autour de 21 kilos, à peu près la moitié. »
La défense : « Mais si sa main droite est sa main directrice, alors la norme dans le cas de sa main directrice serait 52 kilos et il n’a que 21 kilos ? »
Joe Tarpley : « Hum, Hum… »
La défense : « Et si j’ai bien compris, selon votre opinion, ceci représenterait une restriction sévère pour qui que ce soit afin d’effectuer le mouvement que je vous ai décrit (le mouvement de strangulation) ? »
Joe Tarpley : « Oui. »
Plus encore, les blessures sur la main de Hank étaient encore plus handicapantes à la date des meurtres. Les tests de Joe Tarpley ont été effectués 15 mois après son arrestation et 19 mois après la blessure de sa main droite. Tarpley a certifié, sous serment, qu’après l’année qui avait suivi l’accident, la récupération de sa main ne s’améliorerait guère plus.
Alors ce que cela signifie, c’est que 15 mois après les meurtres, lorsque Joe Tarpley a fait des tests de force sur la main de Hank – alors qu’aucune amélioration supplémentaire ne pouvait survenir depuis cette blessure – sa main droite ne dépassait pas 40% de la force d’une main adulte. 15 mois auparavant, la force de sa main aurait été encore moindre (20 à 24% de la force d’une main adulte). Le meurtrier a eu besoin de la force de ses deux mains pour provoquer un traumatisme causant la fracture d’un crâne, dont l’os était anormalement épais, et entraînant la mort (l’arme identifiée comme ayant infligée cette blessure était le manche épais et lourd d’une pioche).
Il est intéressant de considérer le dossier médical de Hank concernant sa main. La blessure était à peine refermée au moment des meurtres car le médecin du service des urgences, ce jour là, ne l’avait correctement nettoyée avant de le recoudre, il restait encore des résidus de sciure métallique et d’huile de moteur autour de la blessure provenant de la lame qui lui avait ouvert la main lors de l’accident. Trois semaines plus tard, Hank est allé voir un autre médecin qui lui a retiré la plupart des points de suture, a nettoyé la plaie, a inséré un drain et lui a prescrit un antibiotique puissant. À un moment, les médecins se sont même demandé s’ils ne devraient pas l’amputer. Heureusement pour Hank, ceci n’a pas été nécessaire, mais la plaie a été très lente à cicatriser.
Les détails soulignant la force pure de l’attaque sont rapportés clairement par le témoignage du Dr Elisabeth Peacock, au moment du procès ainsi qu’à l’audience pour l’application de l’ordonnance d’habeas corpus, en janvier 1994. D’après la déclaration de l’audience :
Concernant la strangulation de Twila Busby qui a entraîné une perte de conscience, le Dr Peacock dit :
John Mann (procureur) : Il y a quelques minutes, Docteur, vous nous avez dit… lorsque nous avons regardé les photos concernant les blessures sur la nuque…
Dr Peacock : Oui… Elle avait des fractures des vertèbres de la nuque. Le Larynx était également fracturé, la portion droite de celui-ci, et il y a un os en forme de U à la base de la langue qui s’appelle l’os hyoïde, juste au dessus, il y avait également une fracture à droite…
Harold Comer (défense) : Pouvez-vous émettre une opinion, dans un sens ou dans l’autre, sur la nature de la strangulation, pouvait-elle être manuelle, à savoir, à mains et pouces nus ou bien d’une autre manière ?
Dr Peacock : À cause des lacérations incurvées sur la portion antérieure de la nuque, cela m’apparaît comme les traces d’une strangulation classique. Ce sont les marques d’ongles que l’on retrouve dans une strangulation à mains nues.
Comer : Pourriez-vous établir, pouvez-vous dire avec quelle force – ceci n’est peut-être pas très objectif, je ne sais pas. C’est difficile de juger de la force. Mais combien de force faudrait-il à un individu pour étrangler une personne jusqu’à la perte de conscience ou jusqu’à la mort ?
Dr Peacock : Je ne voudrais pas avancer une hypothèse car cela ne serait qu’une hypothèse.
Mais la défense insiste et obtient finalement une réponse :
Comer : cela a du requérir de la force ?
Dr Peacock : Oui.
Et sur le violent traumatisme crânien de Twila :
John Mann (procureur) : Avez-vous trouvé quelque chose d’inhabituel dans vos constatations sur les os du visage, sur le crâne de la victime, Twila Busby, qui concernerait directement la force requise pour causer de telles lésions ?
Dr Peacock : Mlle Busby (Twila) avait une condition crânienne que l’on appelle une hyperostéose… ce qui signifie que son crâne était plus épais que la norme… et dans cette affaire, le sien (celui de Twila)… était très, très dense et il a fallu beaucoup de temps pour scier le crâne afin d’en extraire le cerveau, nous avons du nous arrêter pour laisser refroidir la scie car elle chauffait.
Le Dr Peacock avait témoigné lors du procès sur le même sujet :
John Mann : Quelles sont à votre avis, les conséquences que cette condition a pu entraîné (l’épaisseur de l’os du crâne de Twila), concernant le degré de force requise pour fracturer le crâne ?
Dr Peacock : Ceci a du requérir une force considérable.
Et plus tard,
John Mann : Avez-vous examiné le tissu cérébral ?
Dr Peacock : Oui.
John Mann : Qu’avez-vous trouvé en terme de lésions, si vous en avez trouvé ?
Dr Peacock : il y a avait une large hémorragie sub-cranienne… Il y avait des fragments de la boite crânienne dans le cerveau… là où le liquide de la moelle épinière se trouve dans le milieu de cette portion.
L’accident de la main de Hank s’est déroulé fin juillet, soit quelques mois avant les meurtres. Trois semaines après, les médecins se préparaient à l’amputer. Neuf semaines après, Hank était inculpé pour le meurtre d’une femme et de deux hommes et ce avec une force brutale. Cette accusation est clairement impossible et insupportable.
Clairement, lorsque l’on étudie, les témoignages deJoe Tarpley et du Dr Elisabeth Peacock, on ne peut que constater la contradiction directe entre ceux-ci et la théorie de l’accusation selon laquelle Hank Skinner était l’agresseur. En considération des conclusions de M. Tarpley concernant la force restreinte de la main de Hank et le constat précis du Dr Peacock que l’agresseur devait être en possession d’une force considérable pour infliger de telles lésions, il semble inconcevable qu’un jury de 12 personnes ait pu condamner, unanimement, Hank Skinner – mais ils ont été induits en erreur par l’ordre des dépositions ainsi que par l’omission de faits notables, ce qui replace cette affaire dans son contexte – ils n’ont jamais entendu la vérité.