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Les empreintes et le sang

Il y avait un très grand nombre d’éléments disponibles sous la forme d’armes du crime éventuelles, de projections de sang, d’empreintes digitales et de paumes de main. Une expertise consciencieuse aurait pu écarter Hank Skinner de cette enquête criminelle, voire même fournir une indication sur l’identité du meurtrier. Pourtant, les experts ont été très réticents à pratiquer ces tests, particulièrement, Gary Stallings (expert criminaliste) qui a, régulièrement, refusé de pratiquer des tests simples simplement parce qu’il ne pensait pas qu’ils apporteraient de preuves complémentaires. Cette omission flagrante a été préjudiciables pour deux raisons – d’abord parce que si ces tests avaient été effectués, ils auraient pu donner des informations sur un autre suspect (Donnell par exemple), ensuite, et prioritairement, parce qu’ils auraient établis une bonne foi pour toute que Hank n’était pas le meurtrier.

La déclaration des témoignages lors du procès résume le point de vue du Dr Elisabeth Peacock (médecin légiste) et de l’Inspecteur Terry Young (en charge de l’enquête) qui :

«  …pensent que Caler et Randy Busby auraient pu être poignardés avec le couteau trouvé devant le porche de la maison, le couteau qui avait été trouvé dans un sac poubelle noir avec un torchon maculé de taches brunes, ou bien avec deux couteaux »…

De plus, la déclaration des témoignages établit que : « Il n’y avait pas d’empreintes sur les couteaux, mais Unnasch (Glenn Unnasch, expert des empreintes pour le laboratoire de police) a trouvé une empreinte sur le sac plastique noir, empreinte qui n’était pas celle de l’accusé (Hank Skinner). La  police de Pampa a demandé au criminaliste Gary Stallings si les taches brunes sur le torchon… étaient du sang humain. Stallings n’a jamais effectué de tests sanguins, ni sur le couteau dans le sac, ni sur le torchon. »

A ce sujet, Dr Glenn Larkin MD, commente : « C’est incroyable. Deux couteaux ont été trouvés, l’un dans un sac plastique, l’autre devant le porche, alors qu’aucune empreinte n’a été trouvée sur les manches des couteaux, des empreintes non testées ont été relevées sur le sac plastique contenant l’un des deux couteaux. Ces empreintes n’ont pas été testées !… Une substance a été relevée sur les deux couteaux ainsi que sur le sac plastique contenant l’un d’entre eux, identifiée comme étant du sang. Ils n’ont pas non plus été testés pour une recherche de groupe sanguin pas plus qu’ils n’ont été comparés à des prélèvements sanguins de ceux susceptibles d’être impliqués dans cette affaire. Ceci est inexplicable à tout point de vue, sauf pour une interprétation alarmante, qui est valide, concernant l’accusation et la défense qui n’a rien relevé de tout cela… La seule raison, de ne pas avoir fait procéder à ces recherches sanguines et à la comparaison des échantillons, était la peur que celles-ci puissent déterminer que Skinner n’était pas à l’origine de ces meurtres. »

« Glenn Unnasch, (expert des empreintes pour le laboratoire de police) pensait que la recherche, sur la scène de crime, d’autres empreintes, que celles ayant laisser une trace sur les zones couvertes de sang, auraient pu fournir des éléments importants, mais il ne l’a pas fait car la Police de Pampa ne lui a pas demandé de le faire ». 

De la déclaration des témoignages du procès – les transcriptions des dépositions des témoins rapportent des éléments pour le moins intéressants, comme suit :

La défense : Vous a-t-on demandé d’effectuer une recherche d’empreintes sur la scène de crime, autres que celles des habitants du lieu ?

Unnasch : Non, on ne me l’a pas demandé.

La défense : pensez-vous que cela aurait été important s’il y avait une possibilité, qu’en dehors de l’accusé ou des habitants de la maison, que quelqu’un d’autre soit l’agresseur ou les agresseurs dans cette affaire ?

Unnasch : S’ils avaient laissé des empreintes, oui, je crois que cela aurait pu être important, oui…

La défense : … Est-ce que les empreintes de l’accusé… ont été identifiées sur une arme du crime potentielle dans cette affaire ? Par exemple, sur le manche de pioche ?

Unnasch : Non.

La défense : … Sur le couteau trouvé devant le porche de la maison ?

Unnasch : Non.

La défense : Sur le couteau trouvé dans le sac plastique noir ?

Unnasch : Non.

Les preuves apportées par les empreintes ont été constamment ignorées par Gary Stallings. C’était l’inquiétude de l’Inspecteur Terry Young, comme indiqué dans la déclaration des témoignages « …a demandé à Stallings de déterminer si l’empreinte ensanglantée sur la porte d’entrée était celle de l’accusé (Hank Skinner) ou d’une des victimes ». Young pensait qu’il était important de répondre à cette question, mais Stallings n’a pas réclamé de test ADN pour déterminer la provenance de ce sang.

Dr Glenn Larkin MD a fait des remarques pertinantes pour résumer l’état de cette affaire : “ La paresse du laboratoire de police scientifique me dérange. Sommes-nous encore sous l’emprise du syndrome Fred Zain* ? L’ignorance de cet homme (Stallings) sur les principes même de la science médico-légale est trop énorme pour qu’il ne s’agisse que d’une coïncidence. Si la vocation d’un laboratoire de police scientifique est de contribuer à faire la différence entre les coupables et les innocents, et s’il avait reçu des demandes de la part de l’Inspecteur Young et du Dr Peacock pour effectuer certains tests, il n’est pas de son ressort de trancher sur la validité de ces requêtes… Un manque de test ne peut même pas être considéré comme un délit. Je suggère qu’on s’intéresse à l’infection de Stallings par le syndrome de Fred Zain… »

En fait, Dr Larkin résume l’enquête médico-légale de l’État :

« des empreintes potentiellement à décharge n’ont pas été prélevées, ni examinées »

« des éclaboussures de sang, la preuve est vague et les conclusions contestables »

« des couteaux n’ont pas été testés pour une recherche sanguine, ce qui aurait permis de répondre au moins sur comment et où les attaques ont eu lieu »

« les demandes du Dr Peacock, pour obtenir des analyses pour retracer des preuves trouvées sur les corps, ont été joyeusement ignorées par Stallings »

« si elle a effectivement fait des prélèvements vaginaux, ceux ci pourraient être testés. Avec cette question qui demeure sur la possibilité d’une attaque sexuelle, l’identification de liquide séminal et de celui dont il provenait sont des éléments essentiels pour la défense de Skinner »

« La (identification) blessure sur la main de l’accusé (Hank Skinner) est contestable » (la partie civile a argumenté qu’une blessure récente sur sa main aurait pu être provoquée accidentellement pendant qu’il attaquait ses victimes).

Après le contre-interrogatoire de la défense, Gary Stallings, n’a pas été en mesure d’apporter une seule preuve médico-légale identifiant Hank Skinner comme étant le meurtrier. C’est pourquoi, il a admis que les scellés fournis par l’accusation prouvaient que Hank se trouvait sur le lieu des crimes pendant leur déroulement ou après que les victimes aient été couvertes de sang (ce qui n’est pas une surprise puisqu’il habitait là et, comme le prouvent d’autres témoignages, il était allongé sur le canapé, inconscient).  En d’autres mots, toutes les expertises médico-légales prouvent que Hank se trouvait sur place. La seule présence sur le lieu d’un crime n’implique pas la culpabilité, comme il a été prouvé dans d’autre cas,  sous la législation du Texas ou d’un autre État. L’élément qui a condamné Hank était la preuve de sa présence et la conjonction du faux témoignage d’Andrea Reed.